David Allais a rejoint La Cac quelques mois après son lancement. Neuf ans après, il fait partie des meubles. Entretien.

Vous êtes l’un des premiers journalistes à avoir rejoint La Chance aux Concours en 2007, trois mois seulement après sa création. Pourquoi vous êtes-vous engagé dans cette aventure ?

C’est un ami journaliste et ancien élève comme moi du Centre de formation des journalistes qui m’a parlé du projet. Les fondateurs de la CAC n’étaient qu’une demie douzaine au début. Ils avaient besoin de bénévoles, de personnes prêtes à gérer et à aider le projet. Ça m’a tout de suite plu, car la démarche correspondait à ce que j’avais déjà fait au Liban. Entre 2002 et 2004, j’étais le coordinateur d’un master de journalisme à Beyrouth. A la CAC, j’ai commencé par animer des cours, faire des visites de rédactions avec les étudiants, puis au bout de quelques mois, j’ai pris le relais de la gestion logistique: organisation des cours, recrutement des étudiants, gestion des calendriers, etc.

De bénévole, vous êtes donc devenu le coordinateur salarié de l’association. Huit ans ont passé depuis vos premiers pas. Toujours aussi enthousiaste ?

Le projet a marché dès le début. L’avantage de cette association, c’est que tout reste très concret: on a vite eu des résultats, et c’est encore très galvanisant. Le besoin existe plus que jamais, et il y a encore beaucoup de monde pour nous soutenir, autant chez les journalistes bénévoles que lorsqu’il faut lever des fonds financiers.

Le plus palpitant et unique, je trouve, c’est que les fondateurs de l’association ont créé sans le vouloir un cercle vertueux. Au tout début, nous n’avions pas envisagé que les anciens étudiants de la CAC reprendraient le flambeau. C’est le cas aujourd’hui. Et c’est ce qui fait la force de l’association.

En tant que militant associatif, j’ai vu beaucoup de projets s’essouffler par manque de renouvellement des bénévoles. Là, il y a un renouvellement permanent du fait de la nature même de l’association.

Aujourd’hui, je vais accompagner la formation d’un nouveau coordinateur pour inscrire le projet dans la durée, et, avec l’équipe dirigeante, on pense aussi créer des antennes régionales, afin de sortir du cocon parisien.

Aujourd’hui, vous avez d’autres fonctions parallèlement à votre militantisme associatif, comme adjoint à la mairie de Gentilly. En revanche vous avez mis un terme à votre carrière de journaliste. L’investigation et l’écriture ne vous manquent-elles pas ?

Pas du tout ! Je n’ai jamais cessé d’écrire, mais, aujourd’hui, la pige ne m’intéresse plus, l’écriture est avant tout quelque chose de personnel. Je viens de publier mon premier recueil de poèmes, Sur les chemins d’Ulysse*. Tout ça fait partie d’un tout : j’ai commencé à écrire de la poésie vers l’âge de dix ans, j’ai repris quand je me suis engagé à la CAC et après avoir beaucoup voyagé en Amérique du Sud, en Asie, en Afrique, au Moyen Orient, en Europe de l’Est. Ce recueil retrace mes rencontres, mes réflexions de ces dix dernières années. C’est une sorte d’odyssée avec mes voyages extérieurs, mais aussi intérieurs.

Ce qui me plaît dans l’écriture poétique, c’est que je choisis mes sujets, j’observe et reste subjectif. C’est à la fois éloigné du travail journalistique et proche, en même temps, par le regard. C’est une manière de faire qui me correspond davantage.

*David Allais, Sur les chemins d’Ulysse , Riveneuve Editions, 12 euros.

30 % du prix est reversé à la Chance aux concours en utilisant le lien ci-dessus.

Propos recueillis par Sophia Marchesin