Concours : des initiatives pour rééquilibrer la donne face aux prépas privées

Si les organismes privés rivalisent d’imagination pour proposer aux candidats aux concours toute une gamme de préparations, les écoles elles-mêmes et des associations se mobilisent pour rééquilibrer la donne.

 

Lancez sur Internet une recherche au sujet d’un concours pour l’un des établissements du supérieur et, aussitôt, surgit une multitude d’annonces pour des prépas privées. En effet, face à la sélectivité des recrutements, l’offre de stages intensifs et de modules à distance explose. En réponse, des initiatives se développent en faveur de l’égalité des chances. En voici quatre exemples.

Le tutorat pour tous en première année de santé

En première année commune aux études de santé (Paces), toutes les facs proposent un tutorat aux futurs médecins, pharmaciens ou sages-femmes. Au programme : stages de prérentrée, concours blancs ou parrainages. Si l’aide concrète est assurée par des étudiants de deuxième ou troisième année, « les dispositifs sont soutenus par les universités et conçus en collaboration avec les enseignants », rappelle Aurore Trameçon, vice-présidente chargée des tutorats à l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf).

D’une fac à l’autre, les services peuvent varier, entre « travail d’orientation, ateliers de sophrologie et conseils en organisation ». Dans tous les cas, voilà qui incite à explorer les possibilités à portée de main, avant de se tourner vers des aides extérieures plus onéreuses.

En journalisme, un soutien pour préparer les concours

« Les rédactions ne reflètent pas la diversité de la société. » Forts de ce constat, des journalistes ont lancé en 2007 « La Chance aux concours », une prépa gratuite aux écoles reconnues par la profession, destinée à un public « éloigné des médias ». Onze ans plus tard, 350 étudiants ont été accompagnés, parmi lesquels 182 ont effectivement intégré l’un des cursus visés. De plus, l’initiative a essaimé en région, notamment à Strasbourg et à Toulouse, et vient d’ouvrir une sixième antenne à Rennes en septembre.

Une fois sélectionnés sur entretien, les 80 participants suivent pendant un an 200 heures environ de culture générale, de tests d’actualité et d’ateliers d’écriture. Au cas par cas peuvent être organisés des suivis à distance ou des soutiens pour retenter les épreuves après un premier échec.

Quelques universités commencent à développer des options pour leurs étudiants qui tentent à bac + 3 les concours de journalisme. C’est le cas dans les Hauts-de-France, avec l’Académie ESJ Lille, liée à la grande école historique de journalisme. Dès la première année de licence, en parallèle de leurs cours de sciences humaines ou sociales, les 165 étudiants sélectionnés y suivent une dizaine d’heures centrées sur le traitement de l’information.

Un tremplin labellisé pour intégrer Sciences Po

Régulièrement, les instituts d’études politiques (IEP) rappellent que leur concours d’entrée en première année s’appuie sur les connaissances du lycée. Cela dit, reconnaissant le besoin d’encadrement de certains candidats, sept d’entre eux ont labellisé une offre en ligne, Tremplin IEP, dont le coût, de 265 à 520 euros (tarifs incluant cours, devoirs, corrections et différents services en ligne), est bien en deçà de ceux des organismes privés.

Par ailleurs, les étudiants boursiers peuvent aussi se tourner vers les programmes d’études intégrées, développés par chaque établissement. Cours, conseils et exercices se font en ligne, et se doublent de stages et de parrainages dans les lycées partenaires des IEP (Programmepei.com). L’université de Poitiers propose en ligne une licence de lettres au parcours renforcé « sciences politiques ». Ses meilleurs étudiants peuvent être exemptés des épreuves écrites au concours de Sciences Po Paris. Bon à savoir !

L’entrée en école d’art grâce à une prépa publique

Sur le papier, les concours d’entrée dans les écoles du ministère de la culture sont accessibles avec le bac. Dans les faits, beaucoup de candidats consacrent un an à une préparation pour étoffer leur culture et affiner leur projet. A côté des établissements privés solidement positionnés sur ce créneau, il existe, à des tarifs beaucoup plus raisonnables, une quinzaine de prépas publiques réparties dans tout l’Hexagone et soutenues par l’Association nationale des prépas publiques aux écoles supérieures d’art (Appéa).

Aurélie Djavadi