« Ce prix est avant tout celui de ces femmes qui nous ont fait confiance »

Le dernier film de Jessica Bertaux (La Chance 2012), « Les guerrières de la paix », a été primé au prestigieux Festival International du Grand Reportage d’Actualité (FIGRA).

Alors qu’elle vient de rater les concours d’entrée en école de journalisme, en 2012, Jessica Bertaux ne baisse pas les bras et reste déterminée à atteindre son objectif : devenir journaliste. La Chance lui tend la main. « François Ducroux, à l’époque rédacteur en chef de l’émission 66 minutes sur M6 et bénévole à la Chance, m’a proposé d’intégrer sa rédaction pendant six mois comme stagiaire. » C’est avec lui qu’elle apprend les bases du métier et réalise son premier reportage. Ce stage se révèle déterminant et lui ouvre les portes de la réalisation.
« J’ai toujours été plus touchée en regardant des documentaires et des reportages qu’en lisant des papiers ou en écoutant la radio. » Ce qu’elle aime aussi, dans la réalisation, c’est la rencontre avec l’Autre. « Le long format nous amène à passer beaucoup de temps avec les gens sur place, souligne-t-elle. Nous avons de vrais moments de partage et d’échange sur le long terme. »

C’est dans cet état d’esprit qu’elle réalise le film, sorti en 2018 « Les guerrières de la paix », avec Hanna Assouline. Deux ans durant, elles suivent le combat de femmes israéliennes et palestiniennes qui se battent pour un retour des négociations de paix dans leur pays. « On a voulu comprendre comment ces femmes, qui ont grandi avec l’idée que l’autre était l’ennemi, ont trouvé une autre voie et un nouveau discours pour la paix. Certaines ont vécu des drames et parviennent à trouver le chemin de la résilience. C’est une belle leçon d’humilité », explique Jessica Bertaux.

Des guerrières récompensées

En mars dernier, à St-Omer (Pas-de-Calais), « Les guerrières de la paix » a remporté, sous les applaudissements nourris du public, le Prix du Premier Film et la Mention Spéciale du jury pour les films de plus de 40 minutes, lors du prestigieux Festival international du grand reportage d’actualité (FIGRA). Très « heureuse » et « touchée », Jessica Bertaux estime cependant que « ce prix est avant tout celui de ces femmes qui nous ont fait confiance ».

Devenir journaliste et réalisatrice sans passer par une école reconnue, c’est donc possible… L’essentiel, insiste Jessica Bertaux, c’est la détermination : « Le sens de ce métier est de toujours continuer à chercher, enquêter, investiguer… Ne jamais se reposer sur le “on m’a dit que…”. »

Propos recueillis par Yacine Arbaoui (La Chance 2018)