« Celui qui veut être journaliste, le sera », lance Gérard Marcout, membre du conseil d’administration de la Chance aux concours (Cac), qui s’occupe des « repasseurs ». Pour ces anciens élèves de la Cac qui ont échoué une première fois, tout n’est pas fini ! Ils pourront, l’année suivante, tenter à nouveau leur chance. « La motivation est une grande partie du chemin », explique Gérard Marcout, journaliste chevronné. Au lieu de baisser les bras, il faut « faire rejaillir la niaque au fond de vous », poursuit-il. Repasser les concours est une possibilité mais ce n’est pas la seule. 

La filière de l’alternance est aussi une excellente voie d’accès au métier. Plusieurs anciens étudiants de la Chance aux concours l’ont d’ailleurs choisie. Toutefois, trouver une rédaction qui accepte de vous prendre en contrat de professionnalisation ou en apprentissage durant au moins deux ans n’est pas une mince affaire. « Chaque étape est un parcours du combattant », explique Sémiramis Ide, de la promo 2011. Après avoir démarché un grand nombre de médias, durant plusieurs années, la jeune femme voit enfin ses efforts aboutir : elle a réussi à décrocher un contrat de professionnalisation. Dans quelques mois, elle intégrera la rédaction du service culture de TV5 Monde, tout en suivant une formation à l’ESJ Montpellier. « Je suis soulagée et je vais pouvoir commencer enfin à travailler », explique Sémiramis qui n’a jamais perdu espoir dans ses recherches.

Bien travailler sa lettre de motivation et son CV, les adapter à chaque média est un point essentiel. Et il ne faut pas avoir peur ensuite de relancer par mail, par téléphone. Avant de viser une alternance, mieux vaut avoir une petite expérience dans le domaine. « Pour se lancer dans ce milieu difficile, on a besoin de réseaux », souligne Adeline Farge, de la promo 2010, en contrat de professionnalisation avec le magazine Liaisons Sociales et l’ESJ Lille Pro. La Cac lui a permis d’acquérir les bases du journalisme mais aussi d’acquérir de la persévérance. L’association l’a ensuite l’a soutenue, conseillée en lui donnant quelques clefs. S’appuyer sur le réseau de la Cac peut aussi offrir des pistes intéressantes…

« Si je voulais arriver à devenir journaliste, je savais que je devais redoubler d’efforts », raconte quant à elle Assia Hamdi, de la promo 2009. Depuis le collège, elle voulait faire ce métier et pas un autre. Aujourd’hui, Assia apprend le journalisme au magazine l’Etudiant et au CFPJ. Avant d’envoyer ses candidatures à une centaine de rédactions, elle a commencé à lister tous les médias où elle aurait aimé travailler. « Il vaut mieux se prendre une porte dans la tronche plutôt que de ne pas l’ouvrir ! » sourit-elle. Effectivement, chercher une alternance reste une activité chronophage. Il faut parvenir à convaincre un employeur qui ne vous connaît pas forcément de vous faire confiance pour un CDD de deux ans. Les réseaux sociaux peuvent être utiles pour se présenter et diffuser son annonce. C’est à la suite d’un tweet d’une journaliste de l’Etudiant qu’Assia a pu entrer en contact avec le journal. « J’ai ainsi pu obtenir les coordonnées du directeur de publication et lui dire que j’étais, à la recherche d’un contrat pro », se souvient la jeune journaliste. Après des tests qui se sont bien passés, l’affaire était jouée.

L’alternance, rare auparavant dans les médias, se développe de plus en plus. L’aspect financier et le côté pratique séduisent les jeunes comme les employeurs. L’étudiant reçoit à la fois une formation en journalisme dans une école reconnue, en alternance avec des périodes d’immersion dans une rédaction où il apprend le métier sur le terrain. Il est salarié et peut, au bout de trois mois d’activité, obtenir sa carte de presse et le statut de journaliste stagiaire. Grâce à ce rythme intensif, l’apprenti ou le jeune en contrat de professionnalisation comprend mieux et plus rapidement la réalité du métier et la vie quotidienne d’une rédaction. A lui de se montrer autonome, débrouillard et motivé pour devenir rapidement efficace.

Il existe deux types de formation en alternance. D’abord celle du contrat d’apprentissage où l’apprenti journaliste obtient à la fin de son cursus un diplôme d’Etat reconnu par la profession (le CFJ et l’IPJ donnent cette possibilité dès la première année). Ensuite, celle du contrat de professionnalisation, sanctionné par un certificat de qualification (ESJ Lille Pro, CFPJ). Contrairement à l’apprentissage, le contrat pro est également accessible aux plus de 26 ans. Quelle que soit la voie empruntée, passer deux ans dans une rédaction constitue une très bonne formule pour acquérir une expérience pratique, enrichir son CV et se construire un réseau.

S’armer de patience, se discipliner, avoir du culot, persister, batailler, convaincre, s’appuyer sur la Cac… vous aideront à y parvenir. Concours, alternance, piges… pas de panique, bien des chemins mènent au journalisme.

Nassima Ouaïl