Assia Hamdi, ancienne étudiante de La Chance aux concours (Cac 2009), journaliste indépendante spécialisée dans le sport, a lancé il y a presque deux ans Lignes de fond, un média qui traite de l’actualité tennis hors des courts. Parmi son équipe de huit journalistes, trois sont issus de La Cac : Pierre Laurent (Cac 2008), Nassima Ouaïl (Cac 2012) et Mustapha Sandid (Cac 2008) qui vient de les rejoindre.

Rencontre avec Assia Hamdi, rédactrice du chef du site, ex-étudiante du CFPJ presse écrite et en ligne et Pierre Laurent, journaliste diplômé de l’Ecole de journalisme de Grenoble.

La Cac : Assia, d’où est venue ton idée de créer Lignes de fond ?

Assia Hamdi : J’étais assez passionnée par le tennis. En écrivant pour des sites d’actu sportive, je me suis rendue compte qu’en France, sur une saison, les médias suivaient beaucoup les joueurs français et les têtes de série comme Djokovic, Murray ou Serena Williams, et qu’on traitait beaucoup les tournois du Grand Chelem, Roland-Garros en premier. Mais sur toute une saison, le tennis est plus traité dans les médias anglophones. Ce traitement y est donc plus « de fond », comme le prouvent les articles de la rubrique tennis du New York Times ou de Sports Illustrated. L’idée était de s’inspirer humblement de cette vision que l’on partage et de réaliser nos propres sujets à valeur ajoutée. En parallèle, le but était aussi de mettre de côté l’aspect sportif, que nos confrères traitent déjà très bien, et de se concentrer sur des angles politique, social, économique, voire culturel. Cela permet d’appréhender le tennis comme un thème de société qui suscite des vocations, des interrogations, des émotions, des analyses…voire des rêves.

Actuellement, nous sommes bénévoles, mais en tant que rédactrice en chef, j’essaye en contrepartie d’être la plus ouverte possible sur les idées. Parfois, des sujets qui ne semblent pas intéressants parce qu’ils ont été délaissés jusqu’alors deviennent des mines d’or. Par exemple, nos sujets sur le développement difficile du tennis en Guadeloupe ou celui sur les coachs de tennis en ligne. Comme nous sommes un jeune média, on cherche à ne pas dépendre des gros événements, et d’aller chercher des personnes qui gravitent autour du tennis, qui sont moins têtes d’affiche (supporters, professionnels sur les tournois, joueurs moins connus) mais dont le quotidien ou le regard peuvent aussi être intéressants et révéler quelque chose sur ce sport. On aime le tennis, on n’en est pas forcément spécialiste (et ce n’est pas un pré-requis) et on a cette volonté de le montrer comme un sujet qui mérite d’être discuté autrement que comme un sport « de bourges ». En deux ans, on a réalisé des enquêtes, de belles interviews, on a couvert les coulisses de tournois, fait des vidéos…bref, on s’est fait plaisir et on espère bien continuer !

…Tu as construit toute seule le site ?

J’avais quelques bases en WordPress mais j’ai surtout été aidée par mon ami ingénieur en informatique, Rémi Aubert. J’avais la partie éditoriale et lui m’a vraiment aidée à concrétiser le projet en créant à partir de là l’arborescence du site, la partie design graphique…et il est devenu le responsable technique et s’occupe encore de toute cette partie en coulisses. Bref, on a mis nos forces en commun !

La Cac : Pierre, qu’est-ce qui t’a motivé à rejoindre Lignes de fond ?

Pierre Laurent : C’est la grande liberté éditoriale que nous avons sur le site, cette forme d’audace sur les angles des sujets auxquels les gros médias sportifs ne pensent pas vraiment. Effectivement, il y a des contraintes géographiques. Parfois, j’aimerais bien pouvoir me payer un grand reportage à l’autre bout du monde. Exemple ? Sur la manière dont on joue au tennis en Indonésie ! Mais on peut aussi faire des reportages très bien ici, néanmoins plus difficiles à vendre à des médias classiques. Comme il y avait cette part de frustration éditoriale chez moi, je me suis dit que Lignes de fond serait un moyen de m’éclater.

…Des bons souvenirs de reportages avec Lignes de fond ?

Le moment particulier c’est la fois où j’ai joué avec Marion Bartoli juste devant la Tour Eiffel au milieu des hôtesses Qatar Airways. On a tapé la balle à quatre pendant une bonne heure sur un court en terre battue qualité impeccable, sous le soleil, contre une ancienne gagnante d’un tournoi de Grand Chelem. C’était un bon souvenir mais pas forcément l’expérience éditoriale la plus intéressante. La rencontre qui m’a le plus marqué était celle avec Stéphane Houdet, numéro 1 mondial du tennis en fauteuil. Il a été formidablement disponible. J’ai pu me mettre dans la peau d’un joueur de tennis en fauteuil, me rendre compte des sensations même si mon fauteuil n’était pas aussi perfectionné, mais aussi voir comment on se déplace, comment on vit ça dans la raquette !

La Cac : Qu’est-ce que La Chance aux concours vous a apporté ?

Assia Hamdi : C’était il y a 7 ans. Je me souviens du premier samedi, l’un des bénévoles nous expliquait qu’on allait devoir « bouffer » de l’actu tous les jours. Je voulais devenir journaliste depuis l’enfance mais c’était la première fois qu’on me le disait. L’actualité internationale, ce n’était pas mon truc, par exemple. En m’y mettant, j’ai pris cette discipline et maintenant, j’aime ça ! La Chance aux concours m’a appris l’amour de l’information et une certaine rigueur dans mon métier. Je me suis rendue compte qu’être journaliste, ce n’était pas seulement aimer écrire, c’est aussi un mode de vie et une façon de voir le monde. Je me souviens aussi d’une belle ambiance, d’une communion entre étudiants. On se voyait les samedis, on passait les concours ensemble…et on se marrait. J’ai rencontré de belles personnes cette année-là et on a découvert ce métier ensemble. C’est La Cac qui m’a apporté ça.

Pierre Laurent : Je suis venu au journalisme vers 23 ans. Je venais d’une filière scientifique. Je manquais d’expérience et de réseau. La CAC m’a permis d’accéder à des stages plus facilement. Elle m’a pré-formé avant l’école de journalisme. Si j’ai pu être capable d’écrire assez vite, c’est aussi parce que j’ai pu y rencontrer des journalistes professionnels qui ont pu critiquer mon travail positivement et négativement. C’est un métier comme les autres mais pas un milieu comme les autres. A La Cac, on nous a alerté là-dessus. Les interactions entre intervenants et étudiants ont pu nous préparer à la réalité du monde du travail.

Nassima Ouaïl

 

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